Alors que le concept selon lequel « l’avenir de l’IA réside dans l’électricité » gagne du terrain, l’énergie redevient la « voie d’or » pour les marchés de capitaux. Mais cette fois-ci, les véritables leaders de l’industrie ne seront peut-être plus les vieux géants pétroliers occidentaux.

Si l’on compare les sociétés pétrolières traditionnelles avec les sociétés émergentes d’énergies renouvelables, quel camp aura la plus grande influence à l’avenir ?

David Fickling, chroniqueur renommé spécialisé dans les questions de changement climatique et d'énergie, souligne dans ses dernières recherches que la meilleure façon d’aborder cette question est de considérer ce que les compagnies pétrolières apportent en fin de compte au monde. La réponse ne réside pas dans leurs produits – pétrole brut ou gaz naturel – mais dans le composant essentiel des liaisons chimiques de ces hydrocarbures : l’énergie. De même, ce que les fabricants d’équipements solaires proposent en fin de compte, ce ne sont pas des tranches de silicium, mais des machines capables d’exploiter l’énergie du soleil.

Les deux groupes, les sociétés énergétiques traditionnelles et les sociétés énergétiques nouvelles, fournissent chaque année au monde une énergie nouvelle et utile. Cependant, à bien des égards, les entreprises photovoltaïques ont déjà dépassé les grandes compagnies pétrolières.

Pour comprendre cette comparaison, on peut convertir la production de chaque baril de pétrole brut ou mètre cube de gaz naturel par les grandes compagnies pétrolières en une unité de mesure de l’énergie : les exajoules. Un exajoule d’électricité peut alimenter un pays comme l’Australie ou l’Italie pendant un an. Les grandes compagnies pétrolières produisent des quantités importantes de cette énergie : ExxonMobil produit environ 8,3 exajoules par an, tandis que Shell produit environ 6,2 exajoules par an.

Lorsqu’on compare la production d’énergie de ces deux groupes d’entreprises, les résultats sont étonnants. Sur la base de la production annuelle d'énergie utile, le plus grand producteur de polysilicium, Tongwei Co., peut déjà rivaliser de front avec certaines des plus grandes sociétés pétrolières occidentales comme BP, Eni et ConocoPhillips, tandis que d'autres fabricants de panneaux solaires ne sont pas loin derrière. Si Tongwei poursuit son projet annoncé en décembre 2023 de construire un projet de silicium de haute pureté de 400 000 tonnes et les installations de soutien, doublant presque sa production actuelle, il pourrait même surpasser ExxonMobil, le « grand frère » de l'industrie pétrolière occidentale.

En règle générale, les réserves d’une compagnie pétrolière peuvent soutenir la production pendant environ une décennie. De même, les fabricants de polysilicium ou de photovoltaïque peuvent fabriquer des produits année après année une fois l'usine construite, jusqu'à ce que l'équipement s'use ou devienne obsolète. Si l’on compare les réserves géologiques des compagnies pétrolières avec les produits que les sociétés solaires peuvent produire avant la dépréciation des équipements, l’énergie propre est clairement en tête.

Cette comparaison néglige également un facteur crucial. Les panneaux solaires vendus par Longi en 2024 peuvent produire de l’électricité pendant des décennies – la plupart des panneaux solaires ont une période de garantie allant jusqu’à 25 ans. En revanche, le pétrole et le gaz extraits par les sociétés énergétiques traditionnelles cette année seront entièrement consommés d’ici quelques mois. Le soutien énergétique à long terme apporté par la production d’un seul panneau solaire est en réalité plusieurs fois supérieur à celui du pétrole extrait par les grandes compagnies pétrolières.

Depuis la première révolution industrielle, qui a conduit à l’essor de pays riches en charbon comme le Royaume-Uni, l’Allemagne et les États-Unis, les nations contrôlant l’amont de l’énergie ont dominé chaque siècle. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’essor du pétrole brut a apporté puissance et richesse à la Russie et au Moyen-Orient, tout en élargissant la domination mondiale des États-Unis. Aujourd’hui, l’influence des « sept fils de la nouvelle énergie » chinoise dans le système énergétique du 21e siècle pourrait déjà dépasser celle des « sept sœurs du pétrole occidental » qui ont dominé le 20e siècle.

Qu'est-ce que cela signifie ? Les implications sont peut-être déjà évidentes.